Friday, February 29, 2008

L'écho des cendres

L'écho des cendres perturbe ma pensée
Me laissant digérer sans pouvoir suspendre
Mon intestin à cette potence
Comme une corde de prémâché
Ces aliments rendus à pierre molle
N'alimentent plus de hautes humeurs
De grandes pensées, mon esprit tendre
Est rempli de merde
Je mange ce que je chie

Telle est l'âme du coprophage
Son anus dilaté plus que sa bouche est sage
Sa pensée flatule de gazeux synapses
Ô chimie défécatoire
Horizons tièdes de matière brune

Ai-je vraiment le choix ?
Faut-il purger le Purgatoire ?

L'écho des cendres avale ma pensée
Depuis que le feu est éteint
Plus même une braise qui couve
Mort cérébrale, je m'en souviens
J'ai beau souffler, pas une étincelle
Je ne veux plus souffrir
La vie est si belle
Quand on fait le mort
J'ai éteint le feu avec l'eau-delà
Je sais qu'il y a, au fond, une flamme
Indestructible, une âme
Qui se consume et me rappelle à moi
Son éclat se perd encore dans l'écho des cendres
Mais l'écho se perd
S'enfonce
Se tait

Je n'ai pas l'heure elle a brûlé
Avec mes rêves, quand j'ai jeté
Mon corps encordé, au cou
La mort, c'est Tout

L'écho des cendres, je ne m'entends
Plus respirer
J'ai perdu mon briquet
Les cendres écrivent
Elles entropient
Déroulent décomposés de moi

Et les corbeaux de mes chansons
Leur belle voix
Les os qu'ils broient
Le poids des morts dans mes mots
Ils ne sortiront pas
Il n'y a pas d'autre porte
Mais elle reste ouverte
Courants d'ères
Vos sarcasmes ne touchent,
Ostracismes défunts,
Que la pierre à presser les corps

Courbure du temps qui raconte
Mes tripes séchées

Quelqu'un ?
Bien sûr que non

Les rires glacials
Le vent de terre
Mes oreilles étourdies par l'abîme
Les yeux mangés
Vérité est sans vie

Chastes cadavres comment faites-vous ?
Protégez-moi des portails verglacés
Bornant les steppes du désespoir interminable
Je me refuse à les franchir
Et reste couché, là, en plein vent

Décembre sera bientôt là
Décembre, jour des morts
L'hiver agrippé à la pierre

Ma chanson réchauffe
Les spectres qui l'entendent
Ils fredonnent
Se frottent les limbes
S'enroulent en suaires

Les cendres du matin
Paressent jusque midi
Elles ondulent, capricieuses
Et l'air est ensommeillé
Le ciel est gris comme la mort
Quand il pleut je me noie
De sommeil et de mélancolie.